Emploi et Carrière «Notre rôle est de ne plus faire les mêmes erreurs» Saïd Hanchane, DG de l’Instance nationale d’évaluation

Emploi et Carrière

«Notre rôle est de ne plus faire les mêmes erreurs»

Saïd Hanchane, DG de l’Instance nationale d’évaluation

· Toute réforme doit reposer sur des analyses scientifiques

· Un rapport analytique en préparation

L’Instance nationale d’évaluation est dans une phase de mise en place des modèles scientifiques afin d’appuyer les politiques d’éducation et de formation. Pour cela, elle multiplie les consultations avec les chercheurs nationaux et étrangers. Son directeur général explique les projets sur lesquels travaillent l’Instance.

- L’Economiste : Quelles sont les missions de l’Instance nationale d’évaluation?

- Saïd Hanchane: L’Instance est un organisme constitutionnel, rattaché au Conseil supérieur de l’enseignement. Il jouit de tous les instruments nécessaires à la fois scientifique et matériel pour évaluer les politiques publiques d’éducation et pas pour sanctionner, mais accompagner les politiques. L’évaluation doit être entendue ici comme une série de mécanismes et d’approches censés accompagner les politiques et proposer des réformes selon une démarche «constructiviste». L’objectif ultime étant d’aider à déceler les failles dans notre système éducatif, et essayer d’identifier ses points forts.

- Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement?

- L’un des projets sur lesquels nous travaillons consiste en l’évaluation des effets à moyen et long-terme de la Charte de l’enseignement en termes d’amélioration de la qualité et l’équité. Nous avons développé un ensemble de travaux pour identifier les facteurs de succès de la charte à partir d’indicateurs nouveaux et classiques: redoublement, abandon scolaire, espérance de vie scolaire après 10 ans, inégalité inter-établissement, inter et intra territoriales, l’orientation, l’appui social.... Un rapport analytique sera présenté prochainement suivi d’un rapport politique sur l’ensemble de ces questions.
La véritable urgence est d’instaurer une culture d’évaluation pour que les opérateurs du secteur puissent disposer des éléments les plus objectifs afin de réajuster leurs stratégies et mieux cibler les réformes Nous les accompagnons par des analyses scientifiques rigoureuses. Notre rôle est de faire en sorte de ne plus refaire les mêmes erreurs qu’avant. Toute réforme ou toute réflexion qui est faite sur le système éducatif doit reposer désormais sur des analyses scientifiques sereines afin de proposer des politiques publiques crédibles. D’où, l’intérêt de cette rencontre qui réunit les meilleurs spécialistes marocains et étrangers sur les questions de l’éducation et de formation.

- Les expériences étrangères présentées ne s’appliquent pas forcément à la réalité marocaine…

- La rencontre est là pour confronter des travaux de recherche d’abord. Nous voulons être rigoureux sur le côté scientifique pour proposer des réponses et les politiques les plus crédibles. Est-ce que cela s’applique ou pas au Maroc. C’est une autre question. Mais je signale au passage que six travaux sur 15 ont concerné directement le Maroc, tous présentés par les chercheurs de l’Instance. Mais, en dehors de cela, ce qui nous intéresse c’est la manière dont les problèmes de l’éducation sont aujourd’hui posés à travers le monde et la manière. Le rapport analytique que nous préparons sera d’ailleurs structuré par toute une série d’analyses comparatives pour mieux positionner le Maroc et pouvoir s’inspirer méthodiquement des expériences étrangères réussies.

Propos recueillis
par J.K