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Le blog d'education et de formation

Pourquoi l’école est finie ?

31 Décembre 2011 , Rédigé par mohamedمحمد Publié dans #مقالات واخبار

Dans les pays développés, grâce aux médias numériques, les enfants apprennent de plus en plus en dehors de l’école. Les états peinent à le reconnaitre et à inventer l’éducation numérique. La Floride fait figure d’exception. Dans les grands pays émergents, les médias numériques démocratisent l’éducation à plus d’un milliard d’enfants de villages isolés et de bidonvilles. L’impact sur l’économie mondiale d’une population éduquée et dotée de nouvelles facultés cognitives sera majeur. En France, la révolution de l’Education devrait être notre projet de société. 

Dans le pays développés,les consommateurs sont avides de loisirs. Les médias numériques (écrans plats, smartphones, tablettes) sont un relai de croissance. L’adoption des médias numériques dans l’éducation est moins spontanée. Comme il devient possible d’apprendre à son rythme, de partout et à tout moment, l’éducation numérique détruit l’école de Jules Ferry qui soumettait l’élève au lieu, au temps, à l’adulte et au savoir. L’école est finie, elle est partout. Dans les grands pays émergents, l’éducation est une priorité pour poursuivre la croissance. A terme, les médias numériques auront éduqué un milliard d’enfants déshérités. Au plan mondial, l’impact de l’éducation numérique sur l’économie et sur les facultés cognitives seront majeures. L’éducation numérique préparera à des formes de vie sociale, plus diverses, plus créatives. L’éducation numérique va-t- elle vider les écoles et les bibliothèques comme le développement des idées laïques a vidé bon nombre d’églises ? Quel pouvoir politique, centralisé ou non, réussira, en France, à faire de la mutation de l’éducation nationale un projet de société ?
Les médias numériques sont un relai de croissance pour l’économie développée. Le monde vit ce que les futurologues ont prévu : Marshall Mac Luhan invente l’expression de village global en 1967 dans son livre « The Medium is the Message ». Alvin Tofler publie en 1980 « la troisième vague » qui décrit l’âge de l’information. Le désir dans l’économie occidentale est animée par l’offre de produits numériques inventifs (micro-ordinateurs, téléphones, internet, baladeurs numériques, tablettes,…). L’adoption des médias numériques dépasse toutes les prévisions. Les élèves bénéficient d’une éducation numérique « off » : Pendant les cours, en se cachant des professeurs, les élèves consultent internet et communiquent via leurs smartphones. 95% des élèves utilisent un ordinateur hors de l’école. Wikipédia France reçoit 18 millions de visites par mois. Une jeune entreprise vide les bibliothèques en louant des livres numériques. La triche aux examens explose. Les enfants chatent, surfent et regardent des vidéos sur Youtube, en mangeant ou en marchant. Tandis que les parents craignent la globalisation numérique, les enfants en sont déjà le fruit. Mais l’insertion des médias numériques dans l’offre éducative est lente. Si les médias numériques connaissent une vitesse d’adoption foudroyante dans la vie privée ou économique, il en va différemment dans l’éducation. Cette lenteur concerne, sauf exceptions, tous les pays développés. Le Royaume-Uni est en tête des pays européens avec plus de 60 % des enseignants formés au tout numérique. Le Royaume-Uni utilise les nouvelles technologies afin de résoudre le problème d’une école à deux vitesses. Il s’agit d’abord de réduire l’écart entre les meilleurs élèves et les enfants les plus défavorisés. Le premier salon mondial de l’éducation numérique se tient à Londres. Pour le Royaume-Uni, le numérique à l’école a une finalité économique, en faisant émerger des leaders mondiaux britanniques. L’offre éducative numérique de l’Etat de Floride est considérée, aux Etats-Unis, comme la plus exemplaire. Le professeur Paul E Peterson vient de consacrer un livre aux personnalités qui ont marqué l’éducation aux Etats-Unis. Il distingue Julie Young qui a concrétisé la promesse des nouvelles technologies de l’information à l’école. Julie Young avec l’appui de l’Etat de Floride, a créé dès 1999 une offre d’éducation numérique visant à toucher les élèves empêchés, les élèves habitant dans des endroits isolés manquant d’enseignants. Puis, elle a étendu l’offre à tous les élèves qui souhaitent suivre tout ou partie de leurs cours dans des classes en ligne. En 2008, la Floride compte 544 professeurs dédiés à l’éducation en ligne, des classes de 25 élèves et 196 450 cours. La scolarité d’un élève qui suit des cours en ligne de Florida Virtual Learning Center (FVLC) coute 6100 dollars par an au lieu de 8500 dollars en moyenne. Dans d’autres états, comme le Wisconsin, des procès gagnés par les syndicats d’enseignants ont empêché le développement de l’éducation numérique. La majorité des pays tentent d’introduire via des équipements, l’éducation numérique à coté de l’éducation traditionnelle. On est dans la période de transition qui voit coexister le cheval et l’automobile. Mais à terme, il faudra choisir. Dans cette phase, la France accumule les contre-performances : la France se place au 24e rang européen sur 27 selon l’indicateur mesurant les usages en classe. Notre pays occupe la 21e place européenne pour l’utilisation des ordinateurs à l’école primaire et les compétences informatiques des enseignants et la 26e place pour la motivation des professeurs en matière de nouvelles technologies (source : EU Schoolnet 2010).
L’archaïsme dont souffrent certaines méthodes de gestion de l’Education Nationale et la décentralisation illustrent la difficulté à saisir les opportunités du numérique éducatif. Au plan budgétaire, un rapport d’information du Sénat déplore l’absence d’usage de l’euro dans le pilotage de l’Education Nationale. L’unité de mesure est le nombre d’heures/élèves. L’Education Nationale et le Parlement ne connaissent que très approximativement le coût d’une heure de classe, faute de données monétaires. Avec la décentralisation, la pédagogie relève du national, les investissements du local. Les ordinateurs ou les tableaux interactifs sont, en toute bonne foi, installés sans coordination avec les professeurs, ni avec les programmes, ni avec la pédagogie. Il résulte de la cécité comptable et de l’émiettement des responsabilités, une sous utilisation du matériel numérique par les enseignants. L’internet a bouleversé la recherche d’emploi mais pas la formation professionnelle. L’organisme dominant, l’AFPA ne propose aucune offre en ligne de formation pour certains des savoirs essentiels, notamment en langues… Le périmètre de légitimité de l’éducation est réduit par la diffusion des mémoires électroniques, des moteurs de recherche, des sites d’information accessibles à tout moment et de partout. L’Etat doit aller vers une école avec moins de murs, moins de "temps subi" en classe. Il faut distinguer l’apprentissage numérique, en ligne ou non, seul ou en groupe et les moments de socialisation qui justifient d’être ensemble, sur un même lieu simultanément. En ce sens, on peut dire que l’école est finie, mais pas l’éducation. Les études de veille internationale montrent que les états développés déploient les outils numériques pour éviter l’échec scolaire et pour assurer une égalité territoriale. Mais ils peinent à réinventer l’école. La mutation profonde de l’éducation en Floride est une exception. Les pays émergents investissent dans l’éducation pour assurer leur croissance. L’histoire du développement économique des nations est toujours celui de l’investissement dans l’éducation. Les nouveaux pays industrialisés comme Singapour, la Chine, la Corée ont tous investi dans l’éducation. Les pays les plus pauvres de la planète ont négligé l’éducation. Les grands pays émergents comme la Chine et l’Inde misent sur l’éducation numérique pour assurer leur croissance. Les pays émergents créent une éducation de masse pour les zones rurales et les déshérités des grandes villes. La conception d’une offre éducative est fondée sur approche innovante en terme sociologiques, cognitif et économiques. Le professeur Sugata Mitra de l’université de Newcastle invente l’éducation numérique à partir d’expériences de terrain avec les populations indigentes des villages et des bidonvilles indiens ou au Royaume-Uni. L’approche sociologique étudie les interactions entre les enfants, les outils numériques et l’adulte. L’approche cognitive peut fonder une conception nouvelle de pédagogie numérique. Le Ministère indien de l’Education diffuse une tablette numérique à moins de 50 dollars. L’éducation numérique est fondée sur la découverte et la coopération. En apprenant ensemble, les enfants mémorisent ce qu’ils ont discuté entre eux. Avec l’intervention d’un professeur, la mémorisation augmente. En Grande-Bretagne, le professeur Sugata Mitra a fait mesurer les progrès d’enfants déshérités en sollicitant par internet des grands-mères, une fois par semaine. Les grands-mères n’enseignent pas mais donnent confiance, comme dans un cadre familial. Pour le professeur Sugata Mitra, il est possible d’alphabétiser 1 milliard d’enfants déshérités dans le monde, dans 10 millions de classes, avec des accès internet et électrique, 100 millions d’adultes-modérateurs et 180 milliards de dollars sur 10 ans. Dans les 20 ans prochaines années, l’éducation numérique aura un effet majeur sur la poursuite de la globalisation. L’éducation publique vise à renforcer l’unité nationale en harmonisant le niveau de connaissance et d’accès à la promotion sociale. Elle vise aussi à créer une main d’œuvre employable. Au sud de l’Inde, en l’absence de professeurs d’anglais, les élèves ont un très mauvais accent. Grace à un ordinateur et à un logiciel de prononciation, les élèves parviennent en quelques mois à parler un anglais sans accent. Ils pourront trouver un emploi. Demain, les adultes alphabétisés, des villages ou des bidonvilles, occuperont pour une partie d’entre eux des emplois connectés. Ils seront en concurrence avec les travailleurs européens et américains en ligne. Les médias numériques éducatifs créent la plus grande armée de réserve jamais constituée, de l’ordre de 2 à 4 fois la population active de l’Europe. On peut craindre une fracture numérique entre l’occident qui aura tardé à abandonner son éducation académique et l’Asie qui aura formé une population disposant de nouvelles facultés cognitives. Les pays développés doivent assigner à l’éducation un nouvel objectif stratégique. Il s’agit de former des citoyens ayant un ancrage local et une identité mondiale par l’aptitude à collaborer à des actions créatives et fédératives. Les états développés sont confrontés à un immense défi social et financier : comment mettre à niveau du maniement des outils et contenus numériques, les très grands effectifs des systèmes éducatifs d’avant Internet ? La « fiche de poste » de nos 750 000 enseignants est partiellement remise en cause par l’éducation numérique, qui modifie les contenus, les maniements de données, les outils d’évaluation de l’apprentissage. L’Etat doit aussi surmonter les oppositions de ceux qui construisent les écoles "d’avant" avec des murs, avec des livres scolaires "papier" ou qui transportent des élèves…L’école numérique peut aussi susciter l’esprit critique. En France, un grand débat devrait être lancé sur l’éducation numérique pour tous, tout au long de la vie. Une politique de l’éducation aura besoin d’objectifs, comme la baisse du cout par heure de cours, le développement des capacités cognitives des adultes, l’individualisation du rythme d’apprentissage et de l’offre pédagogique,...
L’Education Nationale est une rente pour tous ceux qui en vivent. Les médias numériques la concurrencent en la contournant. L’école est partout, accessible à tous, à son rythme, tout au long de la vie. L’Education Nationale doit au plus vite accélérer sa prise de conscience, pour ne pas entretenir plus longtemps une forteresse d’un autre âge.
Sources : Les technologies de l’information et de la communication (TIC) en classe au collège et au lycée : éléments d’usages et enjeux François ALLUIN avec la participation de Marion BILLET-BLOUIN et Régine GENTIL Ministère de l’Éducation nationale, Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance Rapport d’information du Sénat Jean-Claude Carle De la Pyramide aux réseaux : une nouvelle architecture pour l’école. N° 649 2010-2011 Saving schools From Horace Mann to virtual learning Paul E Peterson, Professor of government Harvard university Centre d’analyse stratégique, rapport "Le fossé numérique en France, avril 2011. Marché international de l’e-education Etat des lieux et diagnostic Juin 2010 (PM Conseil pour la Caisse des Dépots)
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/pourquoi-l-ecole-est-finie-107047

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