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Le blog d'education et de formation

Les recettes des écoles «cotées»

25 Janvier 2010 , Rédigé par mazagan Publié dans #التعليم الاولي

Les recettes des écoles «cotées»
 
· L’arabe n’est pas systématiquement enseigné

· La capacité à préparer au test de la «Mission»



Où inscrire son enfant aux maternelles? C’est le grand dilemme auquel sont confrontés la plupart des parents dès le mois d’avril. Certains choisissent en fonction de leurs connaissances, d’autres en fonction de la réputation de l’établissement. Ce qui souvent joue en la faveur d’un établissement est sa capacité à préparer les élèves au fameux «test» de la mission française. Pratiquement, toutes les écoles «cotées» se valent, explique la directrice pédagogique d’un groupe scolaire. Les écoles privées s’inspirent de la «Mission» pour adapter leur pédagogie et le contenu de leurs programmes. La seule différence est l’introduction de l’arabe qui ne démarre à la mission qu’au CP.
Les enfants des écoles primaires marocaines privées ont deux langues étrangères au programme: le français et l’arabe. L’élève doit mener de front les deux langues, en plus du programme surchargé de CP. Dans le public, le français ne commence à être enseigné qu’au primaire. C’est donc pour cette raison que les écoles n’ont pas besoin d’intégrer des classes maternelles. Le français commence à être enseigné en CE2 en tant que langue étrangère. La méthode d’apprentissage est alors visuelle et non pas syllabique. «Si vous lui demandez de déchiffrer une phrase dans un texte, il en sera incapable. C’est pour cette raison qu’un élève du public peut difficilement “switcher” vers l’école privée à cause du cumul du retard en français», explique la directrice pédagogique d’un groupe scolaire.
Pour l’enseignement de l’arabe, certaines écoles privées ne le prévoit pas dans leur programme, pour suivre à la lettre le modèle français qui ne démarre l’arabe qu’au primaire. Pour beaucoup d’établissement, cela devient même un argument de vente auprès des ménages des classes moyennes et des élites urbaines francisées. Ce qui portera préjudice à l’enfant plus tard, parce que même à la «Mission» française, où l’arabe est négligé au primaire, le niveau d’instruction devient très élevé à partir du collège. Les parents sont alors obligés de faire appel à des professeurs de soutien pour dispenser des cours privés d’arabe.
L’enseignement privé marocain est globalement jugé de bon niveau mais pourquoi cet engouement pour les missions étrangères? «Parce que le système marocain est peu fiable. Le système français, quant à lui, est rodé depuis 40 ans. Il y a un suivi dans le parcours de l’élève. De plus, toutes les portes sont ouvertes en France, au Canada ou encore aux Etats-Unis. Ce qui n’est pas le cas dans le système marocain», ajoute la directrice pédagogique. Même pour l’obtention des visas étudiants, les chances ne sont pas les mêmes.
Mais comment choisir la future école de son enfant? La tendance est aux belles constructions avec jardin, espace de vie et matériel dernier cri. Mais est-ce un gage de bonne réussite de votre bambin? «C’est bien, mais ce n’est pas suffisant», indique la directrice pédagogique. Ce qui diffère d’un établissement à un autre, c’est en effet l’infrastructure.
Selon la professionnelle, il faut dans son choix privilégier l’expérience plutôt que les moyens mis en jeu et surtout rencontrer les éducatrices: repérer si ces dernières ont suffisamment d’expérience. Car dans ce domaine c’est l’expérience qui compte et non les diplômes. Si les parents optent pour une nouvelle école, il faut repérer l’équipe pédagogique. Selon Brigitte El Andaloussi de l’association Atfale, les parents avertis feront un petit tour des écoles, pour visiter les classes, regarder l’aménagement de l’espace. Une classe de maternelle ne doit pas être une classe ordinaire avec des pupitres mais plutôt avec différents coins où l’enfant peut circuler librement. Les questions à se poser sont les suivantes: est-ce qu’on responsabilise l’enfant, est-ce que les travaux des enfants sont affichés, les écrits sont-ils à la hauteur des enfants?…
El Andaloussi regrette le bourrage de crâne pratiqué dans certaines écoles. L’intérêt du préscolaire est de motiver l’enfant à la lecture, à la découverte. Le jardin d’enfant, la petite et la moyenne sections de maternelle doivent être basées sur l’éveil: perception de l’environnement, du corps. A la fin du préscolaire, les enfants doivent reconnaître les lettres et savoir les écrire. Cela ne veut pas dire qu’on apprend à l’enfant à lire et à écrire. Sinon il n’aura rien à faire en classe préparatoire (CP). «Nous sommes aussi en guerre permanente avec les parents pour leur expliquer qu’on n’apprend pas à lire et à écrire en maternelle. Nous leur donnons les moyens de comprendre, reconnaître les lettres et les chiffres. Nous préparons leur personnalité par exemple en leur donnant la parole en public», explique Nezha Alaoui, directrice d’une école à Rabat.


Guerre des talents


Une des grandes contraintes de l’éducation préscolaire est l’absence de ressources humaines qualifiées. Le profil des éducateurs reste modeste. Le ministère de l’Education nationale forme les éducatrices, qui n’ont parfois même pas le baccalauréat. « L’école doit beaucoup s’investir pour les reformater, ne serait-ce que pour apprendre à parler français. Dans les établissements, les éducatrices doivent parler exclusivement en français », indique la directrice pédagogique d’un groupe scolaire. Certaines écoles ont fait le choix de ne prendre que des éducatrices ayant de l’expérience. Il y a clairement une guerre déclarée dans le secteur. Elles se dérobent les meilleurs profils. Et à qui va payer le mieux. «Depuis près de 20 ans d’expérience dans le domaine, les salaires ont triplé. En sortant de l’école, les éducatrices touchent à peine le smig. Mais avec de l’expérience, elles atteignent 8.000 dirhams», indique cette directrice.

Jihane KABBAJ



Le soutien scolaire, tout un marché

Les entreprises de soutien scolaire ont de belles années devant elles. Et pour cause, les défaillances du système éducatif rendent le recours à leur service indispensable, surtout pour les matières scientifiques. Pourtant, ce sont les mêmes enseignants dans le public qui assurent le «soutien». Les organismes qui proposent des cours particuliers à domicile connaissent le plus de succès. MySchool en est une. Créée en 2008, elle est déjà présente dans 3 villes: Rabat, Casablanca et Kénitra. Son offre est destinée aux élèves de tous les niveaux: primaire, collège, lycée et supérieur. «La méthode de soutien scolaire personnalisée permet de libérer le potentiel de chaque élève grâce au bilan préalable, à l’assistance pédagogique et au suivi régulier.
Sur quelque 1.000 professeurs inscrits auprès de la structure de soutien, seule une cinquantaine est affectée régulièrement après 4 niveaux de sélection. Ceci en dit long sur les difficultés de recrutement de professeurs compétents dans ce segment. «Auprès des jeunes enfants, nos enseignants ont un comportement de soutien et d’accompagnement. L’objectif est de révéler le plus tôt possible les aptitudes de l’enfant pour lui permettre de prendre un bon départ dans ses études», indique Talal Lahlou. Dans son argumentaire, l’établissement donne aux parents la possibilité de remplacer le professeur.
Les matières scientifiques connaissent le plus d’engouement, mathématiques et physique, surtout pour les lycéens qui postulent aux concours d’accès aux grandes écoles. La période des examens constitue le pic de l’activité pour les entreprises de soutien.
A 200 dirhams l’heure, les cours particuliers à domicile demeurent une affaire des familles aisées. Si l’on prend l’exemple de parents qui ont souscrit des cours de soutien pour 3 matières, la note peut s’élever à 3.000 dirhams par mois. Ce qui explique l’engouement des investisseurs pour ce marché.

T. H.
 
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