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Le blog d'education et de formation

Etre « fils ou fille de… » : une chance ou un piège ?

26 Septembre 2010 , Rédigé par mohamedمحمد Publié dans #مقالات واخبار

Etre « fils ou fille de… » : une chance ou un piège ?
Etre « fils ou fille de… » : une chance ou un piège ?

Les « fils à papa » n’ont pas fini d’agacer, et ne sont à l’évidence pas les plus à plaindre. Il n’empêche, "Privilège d’héritiers ou envie de faire mieux que papa, les "fils et filles de" sont partout" titrait une récente dépêche AFP signée de Sandra Lacut [i]. S’il est vrai que l’image du père et de la mère, sont indispensables à la construction de toute personnalité, cette construction par comparaison et opposition est particulièrement surveillée et observée dès que la notoriété expose cette relation au public. Alors, peut-on la prendre à la légère, comme nous y invitent les Fernandel, père et fils ? Pourquoi pas, mais, et même s’il s’agit d’une minorité de cas, ces filiations révèlent bien tout ce qui se joue dans la transmission des parents aux enfants, et témoigne de toute cette complexité du passage de relai d’une génération à une autre. 

Un enfant doit savoir se séparer de ses parents

Car la comparaison publique entre les générations peut être tour à tour flatteuse ou cruelle, une chance ou un poids. Et la notoriété amplifie cette relation complexe qui pousse chaque enfant à se détacher de ses parents, pour créer leur propre individualité et mieux les retrouver ensuite.

Au nom du père…

Les exemples sont nombreux et concernent tous les secteurs d’activité. Ainsi, Anne Sophie Pic, héritière de quatre générations de restaurateurs, déclare à propos de son père, médaillé, comme elle, au « Michelin » « Mon héritage le plus précieux : les qualités de cœur de papa, l’envie de donner, de partager. C’est sûrement ce qui m’a poussé à créer mon école de cuisine, Scook, et d’écrire des livres de recettes. J’ai d’ailleurs intitulé le premier « Au Nom du père » pour lui rendre hommage, lui dire merci. »

Un troisième Bush en embuscade ?

La notion de dynastie peut accompagner des familles, comme celle de Georges Busch père , qui après avoir vu son fils aîné à la maison Blanche, voudrait faire la promotion de son fils cadet Jeb Busch, gouverneur de Floride… « "J’aimerais le voir se lancer dans la campagne. J’aimerais qu’il soit président un jour. » La transmission familiale de mandats électifs fait partie de la culture américaine. Et cette histoire peut devenir tragique, comme dans le cas des quatre garçons du clan Kennedy.

Quand le père, ou la mère, est une légende.

Mais s’il existe un moteur qui pousse des enfants à aller plus loin que leurs parents dans le même secteur, d’autres, comme Géraldine Chaplin, qui a débuté a l’âge de 8 ans dans comme danseuse dans le film Limelight (Les feux de rampes) de Charlie Chaplin gardent une carrière toujours marquée par l’écho de la légende représentée par le père, au point de tenir , en 1992, le rôle de sa propre grand-mère, Hannah Chaplin dans le film « Chaplin » consacré à son père.

Un réseau au berceau

Dans chaque réussite, il y a une présence des parents. Et tous les enfants de stars allant sur les « brisées » paternelles ou maternelles sont aidés par le capital social hérité. Ils bénéficient du réseau formidable que leur offre les relations de leurs parents, comme Danièle Thomson, fille de Gérard Oury qui parle de son père« Il m’a permis de côtoyer des artistes que j’admirais, comme Gérard Philippe. C’est également lui qui m’a invité à travailler sur le scénario du Corniaud. »

La souffrance de n’avoir pas des parents comme tout le monde

Ils ont aussi pu souffrir de la carrière de leur père, comme Fabien Cousteau, petit-fils du commandant Jacques Yves Cousteau troisième génération d’explorateur et de réalisateur de films « Jean-Michel comme Jacques-Yves n’ont pas été très présents pour leurs propres enfants. Pour ma part, j’ai souffert du manque de contact physique avec mon père. Je ne veux pas reproduire cette situation. » , ou souffrir de son absence, comme Marcel Cerdan junior « Lorsque mon père est mort, j’avais six ans et comme il boxait tous les jours, il était rarement à la maison. Donc, je ne me suis pas aperçu de son absence ; par contre, ce fut beaucoup plus tard... Lorsque j’avais dix-sept - dix-huit ans, j’aurais aimé avoir mon père près de moi pour pouvoir me confier à lui, lui dire mes soucis, mes joies... Un père peut comprendre tout ça. Cela m’a beaucoup manqué. »

Des relations conflictuelles

Une relation qui peut aussi devenir pathologique, comme l’illustre le cas de Gérard et Guillaume Depardieu. Après sa mort, son père s’exprimait en ces termes à son propos « « Quand on est père, on est forcément à abattre. Et puis, on est forcément con devant un enfant comme lui (…) On n’a jamais été en conflit. Il avait ses excès, j’avais ma connerie. » Cette relation chargée d’émotions et de ressentis peut aussi être un moteur, comme dans le cas de Jacques Higelin et de son fils Arthur H. Pour renouer avec ce père absent, Arthur a dû "crever l’abcès", lui "rentrer dedans" : "J’avais besoin de m’expliquer vraiment, de renouer un contact avec lui, parce qu’il y avait de l’amour."

Comment dépasser le modèle parental ?

Dans presque tous les cas, les parents aiment garder la main sur la transmission, quitte à opposer deux frères ou sœurs. Parfois, la lutte pour la reprise de l’entreprise ou de la carrière du père ou de la mère se heurte au regard des autres et au réel. Car, si le père était bon, on attendra du fils ou de la fille qu’il ou elle le dépasse. Et ça, ce n’est pas toujours accepté par les parents vivants, consciemment, et le plus souvent inconsciemment. Et combien de fils de.. ou de filles de… s’autocensurent ? Dépasser le modèle parental est le défi de toute enfant. Pour les fils et les filles de… c’est presque vital…

Une complicité victorieuse

Réussir avec un père célèbre constitue un défi, comme l’exprime aussi le champion de course automobile Lewis Hamilton « J’ai eu de la chance d’avoir mon père autour de moi tous le temps. Beaucoup, beaucoup de gens disaient que nous ne le ferions pas, nous n’y arriverions pas. Ils disaient que je ne pouvais pas avoir mon père en tant que manager, ça ne fonctionnerait pas (…) Mais mon père a été capable de se tenir à distance et tenir ses émotions à distance. Ils pensaient aux choses de façon plus logique et je ne pense pas qu’il y ait une autre personne comme lui. Personne n’aurait été capable de faire ce qu’il a fait. C’est extrêmement unique et c’est pourquoi nous avons une si belle histoire. »

Comment passer de « père en fils » à « fils en père » ?

Alors, comment passer de « père en fils » à « fils en père » ? Devoir lutter pour se faire un prénom peut aussi être un moteur. Un peu comme Yoachim Noah, fils de Yannick Noah, et qui a trouvé sa légitimité aux Etats Unis, en tant que jouer prodige des « Chicago Bull ». Ou comme David Hallyday, dont la relation avec son père accompagne sa carrière. 

Mathieu et Louis Chedid mains dans la main

Mais ils peuvent aussi travailler main dans la main, comme Mathieu et Louis Chédid qui ont mis ensemble sur pied un conte musical, Le soldat rose. Ils peuvent se partager l’antenne, comme Benjamin et Jean-Pierre Castaldi, ou se donner la réplique au cinéma comme hier Claude et Pierre Brasseur, ou aujourd’hui Sean et Pierce Brossnan, donnant la réplique à son père dans The Bonded.

Et peuvent aussi devenir les « clones » de leurs parents

Les ressemblances physiques peuvent être troublantes, et charger la personnalité du fils de l’image quasi fantomatique du père. C’est par exemple le cas de l’amiral Philippe de Gaulle, qui, en vieillissant, devient le sosie de son père, Charles de Gaulle. C’est aussi le cas du fils de Jacques Martin, qui ressemble à s’y méprendre à son père, dans les mêmes rôles, à la télévision. Cette ressemblance physique, héritage des gènes, place le fils dans une référence de tous les instants à son père.

Dans les affaires, des successions toutes en nuances

Et bien sûr, les enfants peuvent aussi apporter leur propre style, et trancher, par leur personnalité, avec leurs parents, ou leur ressembler, comme pour le père et le fils Tapie par exemple. Le cas des Michelin prouve que chaque génération peut avoir sa personnalité. Dans le domaine des affaires, François-Henri Pinault (PPR) veut per exemple remodeler totalement l’empire construit par son père. C’est ce qui explique sa décision de se séparer de la FNAC par exemple. Dès son arrivée aux manettes en 2005, l’héritier s’était montré déterminé à transformer le groupe en un ensemble cohérent dédié au luxe et à l’équipement de la personne. Et, comme le cite la dépêche de l’AFP : « Dans son numéro de septembre, le magazine l’Optimum liste "les trentenaires qui font 2010", parmi lesquels nombre de descendants célèbres, dont Antoine Arnault, deuxième des cinq enfants de "l’empereur du luxe", directeur de la communication de Louis Vuitton, qui avait convaincu Mikhaïl Gorbatchev et Francis Ford Coppola de poser pour sa marque, Ora-ïto, fils de Pascal Morabito, ou Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré. Tous revendiquent, heureux de leur héritage, la nécessité de le "réinventer".

Le rapprochement des générations et les « pères choisis »

Alors, comme pour chaque enfant, les « peoples » ressentent cette transformation des relations familiales, qui, passant de la norme au lien, rapprochent les générations. Ils ont plus de facilités pour bénéficier des réseaux de leurs pères et de leurs mères. Et, souvent, cette relation filial est mise à l’épreuve par l’absence de leurs parents célèbres trop occupés à leur carrière. Et, comme dans les familles contemporaines où le rôle des beaux parents est de plus en plus présent, certains adoptent un « père choisi ». Ce père, qui n’a rien de biologique peut modeler la personnalité de son « fils spirituel ». Ce fut le cas de Marcel Bleustein Blanchet à Publicis, avec Maurice Levy, et ce fut aussi ce qui poussa François Mitterrand à nommé Laurent Fabius premier ministre à 38 ans…

De l’admiration au sentiment de « népotisme »

Souvent, les fils et filles de ont le pied mis à l’étrier. Mais très vite, rattrapé par la notoriété de leurs parents, ils sont mis à l’épreuve, et doivent dépasser leur nom de famille pour exister par eux-mêmes et « se faire un prénom » selon la formule consacrée. Mais il peuvent parfois être victimes d’un moteur inconscient « Tout le monde le pousse, confie un intime, mais certains le font pour exister eux-mêmes. Jean n’est pas dupe, mais il a tellement envie de susciter l’admiration de son père qu’il peut facilement se laisser entraîner. » Si Jean Sarkozy s’est rapidement fait un prénom après la polémique mondiale sur son projet d’ élection à la tête de l’EPAD – établissement qui gère la Défense - , ce prénom s’est retourné contre lui, au point de constituer aujourd’hui, même à tord, un symbole de népotisme, qui caractérise les faveurs qu’un homme au pouvoir montre envers ses parents ou amis, sans considération du mérite ou de l’équité, de leurs aptitudes ou capacités.

Et pourtant, l’héritage politique existe bien

Héritage de la royauté ? Il n’y a pas qu’à Monaco que la politique s’accommode des héritages. L’exemple de Marine Le Pen qui est en passe de succéder à son père en est une illustration. Comme pour les Baudis, maires de près en fils à Toulouse, comme ce fut le cas pour les Léotard à Fréjus. En tous cas, rien de pareil avec les enfants Fabius par exemple, qui ne semblent pas décidés à suivre l’exemple politique de leur père. D’autres, comme les fils de François Mitterrand par exemple, n’arrivent pas, ou n’essayent pas, de se distinguer comme lui. Et dans le cas des Debré, c’est toute la fratrie qui est marquée par la figure paternelle.

L’idéal républicain méritocratique est-il toujours bien vivant ?

L’ épisode très médiatisé du scandale qui a accompagné le projet d’élection de Jean Sarkozy à la tête de la Défense, démontre aussi que le mythe républicain de l’idéal collectif méritocratique n’est pas mort. Il s’est même ressourcé dans le modèle américain du « self made man » et représente plus que jamais un défi pour l’éducation nationale, comme pour tous les enfants qui choisissent d’inventer leur propre destin. Ce modèle est aussi celui qui conduit les enfants d’immigrés à construire leur propre avenir en rupture avec le passé de leurs parents. Ce « désenchainement » des générations s’appuie essentiellement sur les études, qui permettent toujours à un enfant d’ouvrier motivé d’accéder à l’université et aux grandes écoles.

Mais correspond-t-il vraiment à la réalité ?

De quel milieu viennent les personnes qui, aujourd’hui, sont dans une position donnée ? Combien d’actifs retrouvent leur milieu d’origine ? Les cas des gens « célèbres » rejoignent ceux de la société toute entière. D’ailleurs, la presse « people » trouve là des moyens d’identifier des problèmes rencontrés par tous. La famille s’est à la fois privatisée, en respectant les choix et les droits des individus, et s’est dans le même temps publicisée, plébiscitée dans les enquêtes d’opinion et émergeant dans tous les champs du social, habitat, travail, urbanisme, école. Mais les inégalités de destins restent fortes. Ainsi, en 2003, on comptait 45% d’élèves du primaire issus de milieux populaires, 36% de bacheliers dont 20% avec mention et plus que 13% en classes préparatoires. Pour les milieux dits « supérieurs » la proportion passe de 14% en sixième à 42% en classes préparatoires. La démocratisation scolaire réelle reste un échec.

La transmission du patrimoine joue plus que jamais

Alors que l’héritage n’est plus nécessaire pour s’installer, sauf chez les agriculteurs, et la transmission du patrimoine existe toujours. Elle se fait de façon plus subtile, sous forme de dotation pour étude notamment, et au cours de la vie, par des aides matérielles, financières ou de services. Ce phénomène est renforcé par la crise économique, qui rend plus difficile l’arrivée des jeunes à un premier emploi, et les incite à utiliser les réseaux et les facilités familiales. Dans le cas de noms connus, de « capital culturel » ou de « capital financier » le choix reste le même : Faire fructifier l’héritage familial, le développer et parfois le transformer.

Héritage financier ou culturel

Nos sociétés de salariat sont en effet aussi toujours des sociétés d’héritage. En 1990, 70% de français héritaient et les donations entre vifs ont augmenté de 50% entre 1970 et 1990. Les parents ont souvent une dimension altruiste, qui les pousse à soutenir leurs enfants, en recevant un bénéfice symbolique, par leur réussite. Ils les aident comme ils ont été aussi aidés, et trouvent même du plaisir à donner, indépendamment d’ailleurs de besoins des enfants. Mais les destinées scolaires et l’avenir des enfants ne dépend pas uniquement des ressources économiques ou de la position sociale des parents. Le poids de l’héritage culturel est important, et peut-être même déterminant.

Comment produire sa propre individualité ?

Alors que nous sommes passés de la « norme au lien » que les relations entre les générations se sont apaisées et sont souvent complices, l’enfant est devenu la base de la famille en lieu et place du couple. L’allongement de la vie en bonne santé est une première victoire sur le temps, le fait de transmettre son nom et son savoir-faire à ses enfants en est une autre. Mais l’effet de génération est complexe, et conduit les enfants à produire leur propre individualité, en phase avec les évolutions de la société, et en marquant de fait une certaine rupture avec les choix et les priorités de leurs parents.

Une quête de racines de plus en plus forte

Mais ce qui se transmet aussi aujourd’hui, c’est aussi la famille comme « bien ». Le renouveau de la généalogie, avec plus de cinq millions de praticiens en France, offre à l’individu la possibilité de s’enraciner dans une histoire qui le précède. Mais les biens matériels gardent une forte charge symbolique et un lien puissant entre les vivants et les morts. La bourgeoisie n’est plus seule à s’assoir sur son passé familial. Cette quête de racines concerne aussi les classes moyennes et ouvrières.

Qui inspire aussi des « vocations » comme des appels.

Dans le cas de gens connus, de figures tutélaires, comme dans toutes les histoires familiales, et dans tous les milieux, l’héritage des parents colle à la vie des enfants. Parfois trop, empêchant l’expression de leur propre personnalité. Parfois de façon naturelle, inspiré par la « vocation » au sens étymologique d’appel, qui déclenche un jour, chez un ou plusieurs enfants d’une fratrie, un don particulier pour reprendre le cœur de métier du père ou de la mère.

Eric Donfu

25 septembre 2010

 

Sources

http://blogfamille.pelerin.info/2009/06/17/ils-parlent-de-leur-papa-celebre/

http://www.voici.fr/potins-people/les-potins-du-jour/gerard-depardieu-parle-de-guillaume-dans-paris-match-321149

http://hamilton-fr.com/lewis-hamilton/entretien-avec-lewis-hamilton/

http://www.ifpa-france.com/interview-marcel-cerdan-junior-une-identification-au-pere-reussie.html

http://www.lexpress.fr/actualite/mo...

http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-08-26/la-dynastie-kennedy-marquee-par-la-tragedie-n-a-plus-d-heritier/924/0/371610

http://www.purepeople.com/article/quand-arthur-h-rencontre-son-pere-jacques-higelin-les-langues-se-delient_a51119/1

http://www.parismatch.com/Actu-Matc...

http://www.lexpansion.com/economie/...

par Eric Donfu (son site) samedi 25 septembre 2010 - 15 réactions yahoo
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